mercredi 8 juin 2011

Barcelone divin

Le football Club de Barcelone est champion d’Europe. Cette cuvée 2011 est la meilleure équipe de l’histoire. Son succès tient à six points bien coordonnés par son entraîneur, Josep Guardiola.

1- Une philosophie, qu’on peut décliner en conception, idéologie, doctrine ou plus simplement, un style. Celui du Barça ? Assurer la possession du ballon en privilégiant la passe courte, le geste simple et récupérer le ballon plutôt dans le camp de l’adversaire que dans le sien.

2- Travailler chaque jour la technique, donc les moyens disponibles pour apprivoiser le ballon dans la nécessité de le conserver par le dribble, le contrôle ou la conduite, de le transmettre à ses partenaires dans un parfait dosage, au pied ou dans le mouvement, et de tirer au but.

3- Se doter d’une condition physique impeccable qui permette d’effectuer des efforts amples et moyennement intensifs de course sur la longue durée et des efforts intensifs de détente, d’équilibre, de sprint, soit pour harceler l’adversaire, soit pour le rattraper, soit encore pour le semer.

4- Condenser les réponses tactiques dans le mouvement permanent en vue de créer des espaces dans le bloc-équipe de l’adversaire, comme des poches de gaz s’ouvrent dans l’intestin d’un affamé. Réduire jusqu’à un maximum de 10 mètres la distance entre deux partenaires voisins qui doivent être de toute façon au moins trois autour du ballon dans la phase d’élaboration. Partir collectivement par harcèlement à la chasse du ballon au millième de seconde suivant sa perte.

5- Une solidité-générosité psychologique qui conduit les joueurs à respecter quel que soit l’adversaire, mais à toujours privilégier, même au détriment de soi-même, le projet de jeu de la maison et un partenaire en position favorable.

Xavi (en bas, a Gauche) et Iniesta (en haut a droite): fine intelligence, incarnation du foot collectif




6- Compter sur deux joueurs de création à la fine intelligence, Xavi et Iniesta http://www.footespagnol.fr/2011/05/10/barca-ferguson-craint-xavi-iniesta-messi/, incarnation du football collectif, et un joueur de rupture de qualité supérieure qui apporte une variété dans la construction patiente du jeu.


Video Messi
http://www.dailymotion.com/video/xiz2c7_messi-marque-a-wembley_sport

Quand ce joueur de rupture de qualité supérieure frise la perfection, Messi dans le cas de Barcelone, on comprend que cette équipe est d’essence divine.

Patrice Dumont
patricedumont21@hotmail.com

Écrire comme un romancier ou un poète

 Ils étaient 27 élèves, filles et garçons de 16 à 18 ans, le vendredi 20 mai dernier, à l’Institut Abellard de la ville de Léogane, rivés au savoir et savoir-faire littéraires de l’écrivain Lyonel Trouillot. Objet : un atelier d’écriture portant sur le roman et la poésie.

Lire est le point de départ de l’écriture. Initier aux méthodes modernes d’écriture romanesque et poétique, c’est donc faire connaissance avec de bons textes. Ayant lu, comment et avec quoi écrire ? Par et avec « l’imaginaire, le réel et le vécu », répond Lyonel Trouillot//www.rue89.com/cabinet-de-lecture/apres-le-chaos-haitien-lecrivain-lyonel-trouillot-parle-damour à sa propre question.

Et les élèves de réagir sur des concepts un peu brumeux. Ils s’éclairciront à force d’exemples et explications tenaces. Maîtriser la langue dans laquelle on écrit, le français ou le créole par exemple, avant d’écrire sa langue. Autrement dit, son style propre.



Lyonel Trouillot



L’image avant toute chose

Le langage poétique, c’est l’image. L’auteur de « l’amour avant que j’oublie » revoit les principales figures de rhétorique. L’oxymore est l’une des rares inconnues des élèves. Trouillot fait appel à Gérard  de Nerval pour parler de romantisme et d’oxymore : « Et mon luth constellé porte le soleil noir de la mélancolie ». « Ah ! s’écrie une jeune fille, c’est quand on réunit deux mots de sens opposés».

Sous un manguier, effet du séisme du 12 janvier 2010, avant que sonne midi, le temps de la pause-déjeuner jusqu’à 1,30 heure, les élèves s’exercent sur des textes. L’image est l’élément essentiel de la poésie, et Trouillot aide ses stagiaires à apprécier ce poème très imagé de trois vers de Georges Castera
 Plas Sentàn, / Nan tete ti Mari / Mizè ap koule kafe. (1)
Passeront aussi des textes de Depestre, Davertige, Breton, Aragon.   

Pari réussi

Entre 1,30 heure et 4,00 heures, un élève est désigné pour la restitution de la première partie. Suivent  des questionnements et des réponses, du scepticisme, de l’étonnement et des découvertes. Pour des élèves haïtiens réputés faibles en expression, orale ou écrite, créole ou française, on pouvait s’attendre à une révision de notions de syntaxe et d’orthographe. Au lieu de cela, l’animateur a réussi à stimuler la création littéraire en comptant sur le potentiel intellectuel des élèves. Si l’on en croit les aveux des uns et des autres, et leur souhait de recommencer, des vocations vont peut-être germer.     

 En plus de son métier d’écrivain, Trouillot a créé le Vendredi littéraire depuis 1995. Il a ouvert au cours du mois de mars dernier, à Delmas 75, le Centre culturel Fondation Anne-Marie Morisset. L’atelier d’écriture concerne donc son travail de promotion de la littérature qu’il mène de front avec son métier d’écrivain et d’enseignant de littérature au secondaire et à l’Université. L’initiative est venue de Trouillot lui-même,  qui a trouvé en Gabrielle Présumé Abellard, une partenaire déterminée et efficace dans la réalisation de la journée. Les participants viennent des écoles suivantes : Sainte Croix, Le Phénix, Surin Eveillard, Maisonneuve, Lumière, Lycée Anacaona, Classique, Abellard.

Patrice Dumont
patricedumont2@hotmail.com
(1) Place Sainte Anne,
Dans les seins de Mariette,
La misere coule son cafe.