lundi 4 juillet 2011

Le marché public de Dajabòn de plus en plus fréquenté

Le marché public de Dajabòn est de plus en plus fréquenté les lundi et vendredi, jours de marché, par les commerçants haïtiens sur la frontière haitiano-dominicaine du Nord-Est, entre Ouanaminthe et Dajabòn.


Vue du marché

Les commerçants haïtiens étaient des centaines à se bousculer, tôt lundi, devant la grande barrière bleue, sur le pont qui donne accès au marché public de Dajabòn à Ouanaminthe. Ils ont seulement 6 heures pour s’approvisionner. Ce principe est valable pour les 2 jours de marché.

« Ils nous reçoivent entre 8h et 14h lundi et vendredi » raconte Guerline, 30 ans. Les pieds chaussés de boue, cette femme au teint clair et aux cheveux roux vient de faire des emplettes pour son bazar situé à Fort-Liberté, chef-lieu du département du Nord-Est.

A quelques pas d’elle, 5 hommes dont trois torse nu, poussent de toutes leurs forces une brouette chargée de marchandises allant des produits alimentaires jusqu’aux couches pour enfants. Destination : un gros camion garé sur le coté haïtien de la frontière qui assure le trajet Ouanaminthe/Cap-Haitien.

Les produits achetés par les commerçants haïtiens sont transportés de la partie dominicaine vers celle haïtienne soit par brouette ou sur la tête. Les voitures ne sont pas autorisées. 

Les dernières minutes sont précieuses. Les gens s’activent. Les soldats dominicains redoublent de vigilance. Certaines cargaisons, de manière inopportune, sont filtrées avant de laisser Dajabòn.



Inspection d'une brouette

« Finalement on s’habitue avec ces fouilles instantanées » lâche André, 32 ans, peu surpris. Il est propriétaire de brouette. Son chargement vient d’être contrôlé par des dominicains. Ce père de 3 enfants vit à Ouanaminthe. « La frontière est mon gagne-pain » a-t-il dit.

Le long du pont qui donne accès à la frontière haitiano-dominicaine, le commerce informel prend de l’ampleur. Les petits détails sont là, présents avec leurs produits qu’ils essaient de liquider. Du vendeur de pesos (monnaie dominicaine) en passant par le vendeur de bijoux d’occasion, tout y est.

Les CDs et DVDs reproduits sont exposés sur des étalages comme à Port-au-Prince, capitale d’Haïti où vivent près de 2 millions d’habitant selon un recensement réalisé en 2004. A la radio, on écoute les programmes dominicains. La musique c’est du « Bachata » ou le « Merengue » deux rythmes très populaires en République Dominicaine.

Jacky MARC

mercredi 8 juin 2011

Barcelone divin

Le football Club de Barcelone est champion d’Europe. Cette cuvée 2011 est la meilleure équipe de l’histoire. Son succès tient à six points bien coordonnés par son entraîneur, Josep Guardiola.

1- Une philosophie, qu’on peut décliner en conception, idéologie, doctrine ou plus simplement, un style. Celui du Barça ? Assurer la possession du ballon en privilégiant la passe courte, le geste simple et récupérer le ballon plutôt dans le camp de l’adversaire que dans le sien.

2- Travailler chaque jour la technique, donc les moyens disponibles pour apprivoiser le ballon dans la nécessité de le conserver par le dribble, le contrôle ou la conduite, de le transmettre à ses partenaires dans un parfait dosage, au pied ou dans le mouvement, et de tirer au but.

3- Se doter d’une condition physique impeccable qui permette d’effectuer des efforts amples et moyennement intensifs de course sur la longue durée et des efforts intensifs de détente, d’équilibre, de sprint, soit pour harceler l’adversaire, soit pour le rattraper, soit encore pour le semer.

4- Condenser les réponses tactiques dans le mouvement permanent en vue de créer des espaces dans le bloc-équipe de l’adversaire, comme des poches de gaz s’ouvrent dans l’intestin d’un affamé. Réduire jusqu’à un maximum de 10 mètres la distance entre deux partenaires voisins qui doivent être de toute façon au moins trois autour du ballon dans la phase d’élaboration. Partir collectivement par harcèlement à la chasse du ballon au millième de seconde suivant sa perte.

5- Une solidité-générosité psychologique qui conduit les joueurs à respecter quel que soit l’adversaire, mais à toujours privilégier, même au détriment de soi-même, le projet de jeu de la maison et un partenaire en position favorable.

Xavi (en bas, a Gauche) et Iniesta (en haut a droite): fine intelligence, incarnation du foot collectif




6- Compter sur deux joueurs de création à la fine intelligence, Xavi et Iniesta http://www.footespagnol.fr/2011/05/10/barca-ferguson-craint-xavi-iniesta-messi/, incarnation du football collectif, et un joueur de rupture de qualité supérieure qui apporte une variété dans la construction patiente du jeu.


Video Messi
http://www.dailymotion.com/video/xiz2c7_messi-marque-a-wembley_sport

Quand ce joueur de rupture de qualité supérieure frise la perfection, Messi dans le cas de Barcelone, on comprend que cette équipe est d’essence divine.

Patrice Dumont
patricedumont21@hotmail.com

Écrire comme un romancier ou un poète

 Ils étaient 27 élèves, filles et garçons de 16 à 18 ans, le vendredi 20 mai dernier, à l’Institut Abellard de la ville de Léogane, rivés au savoir et savoir-faire littéraires de l’écrivain Lyonel Trouillot. Objet : un atelier d’écriture portant sur le roman et la poésie.

Lire est le point de départ de l’écriture. Initier aux méthodes modernes d’écriture romanesque et poétique, c’est donc faire connaissance avec de bons textes. Ayant lu, comment et avec quoi écrire ? Par et avec « l’imaginaire, le réel et le vécu », répond Lyonel Trouillot//www.rue89.com/cabinet-de-lecture/apres-le-chaos-haitien-lecrivain-lyonel-trouillot-parle-damour à sa propre question.

Et les élèves de réagir sur des concepts un peu brumeux. Ils s’éclairciront à force d’exemples et explications tenaces. Maîtriser la langue dans laquelle on écrit, le français ou le créole par exemple, avant d’écrire sa langue. Autrement dit, son style propre.



Lyonel Trouillot



L’image avant toute chose

Le langage poétique, c’est l’image. L’auteur de « l’amour avant que j’oublie » revoit les principales figures de rhétorique. L’oxymore est l’une des rares inconnues des élèves. Trouillot fait appel à Gérard  de Nerval pour parler de romantisme et d’oxymore : « Et mon luth constellé porte le soleil noir de la mélancolie ». « Ah ! s’écrie une jeune fille, c’est quand on réunit deux mots de sens opposés».

Sous un manguier, effet du séisme du 12 janvier 2010, avant que sonne midi, le temps de la pause-déjeuner jusqu’à 1,30 heure, les élèves s’exercent sur des textes. L’image est l’élément essentiel de la poésie, et Trouillot aide ses stagiaires à apprécier ce poème très imagé de trois vers de Georges Castera
 Plas Sentàn, / Nan tete ti Mari / Mizè ap koule kafe. (1)
Passeront aussi des textes de Depestre, Davertige, Breton, Aragon.   

Pari réussi

Entre 1,30 heure et 4,00 heures, un élève est désigné pour la restitution de la première partie. Suivent  des questionnements et des réponses, du scepticisme, de l’étonnement et des découvertes. Pour des élèves haïtiens réputés faibles en expression, orale ou écrite, créole ou française, on pouvait s’attendre à une révision de notions de syntaxe et d’orthographe. Au lieu de cela, l’animateur a réussi à stimuler la création littéraire en comptant sur le potentiel intellectuel des élèves. Si l’on en croit les aveux des uns et des autres, et leur souhait de recommencer, des vocations vont peut-être germer.     

 En plus de son métier d’écrivain, Trouillot a créé le Vendredi littéraire depuis 1995. Il a ouvert au cours du mois de mars dernier, à Delmas 75, le Centre culturel Fondation Anne-Marie Morisset. L’atelier d’écriture concerne donc son travail de promotion de la littérature qu’il mène de front avec son métier d’écrivain et d’enseignant de littérature au secondaire et à l’Université. L’initiative est venue de Trouillot lui-même,  qui a trouvé en Gabrielle Présumé Abellard, une partenaire déterminée et efficace dans la réalisation de la journée. Les participants viennent des écoles suivantes : Sainte Croix, Le Phénix, Surin Eveillard, Maisonneuve, Lumière, Lycée Anacaona, Classique, Abellard.

Patrice Dumont
patricedumont2@hotmail.com
(1) Place Sainte Anne,
Dans les seins de Mariette,
La misere coule son cafe.

mardi 17 mai 2011

Le diplomate Edmond Mulet crie au "sabotage"


Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies en Haïti, Edmond Mulet qualifie de "sabotage" les coupures d’électricité, à répétition, survenues lors de la journée d’investiture de Michel Joseph Martelly, le samedi 14 mai dernier.
 


Edmond Mulet Photo: Jonas Laurince
Edmond Mulet qualifie de "sabotage" les coupures d’électricité, à répétition, survenues lors de la journée d’investiture de Michel Joseph Martelly, le samedi 14 mai dernier.

Michel Joseph Martelly a prêté serment pratiquement dans le noir au Parlement. Une coupure d’électricité est survenue au moment où il devait prendre la parole par devant l’Assemblée Nationale et en présence d’invités.

 M. Martelly a lu le texte de sa prestation de serment grâce à la lumière des caméras de télévisions (locales et étrangères) présentes pour la circonstance. Le courant a été rétabli quelques minutes plus tard.

Le même scenario s’est produit au Palais National, rapporte Edmond Mulet. « Michel Martelly n’a pas pu utiliser le dispositif mis en place pour son discours à cause d’une panne de courant électrique », a fait remarquer le représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies en Haïti.

« Les coupables doivent être punis », soutient Edmond Mulet. « Il n’est pas normal », déplore-t-il, que « certains s’amusent à semer la pagaille dans pareille circonstance ». Il appelle les autorités policière et judiciaire à faire toute la lumière sur cette affaire de « black-out » à répétition.

Les réactions du diplomate Edmond Mulet



Un technicien tente de réparer le cable coupé. Ph. Jonas L.
Deux jours après l’investiture du président, Michel Martelly, soit le lundi 16 mai, le chef du Parquet de Port-au-Prince était au Parlement haïtien.

 Me. Aristidas Auguste a auditionné plusieurs personnalités dont le président de la chambre basse, Saurel Jacinthe. Ce dernier a nié toute implication de la chambre des députés dans ce dossier renvoyant ainsi la balle dans le camp de la firme responsable de la construction du bâtiment devant accueillir les invités.

Vraisemblablement, l’organisation de la journée d’investiture de Michel Martelly était sous la responsabilité de son équipe.

Le sabotage d’où qu’il vienne, les responsables seront punis conformément à la loi haïtienne, précise Me. Aristidas qui n’a pas souhaité faire plus de commentaires. Les conclusions de l’enquête seront connues bientôt, conclut le patron du Parquet de Port-au-Prince. 

Jacky MARC

vendredi 13 mai 2011

Richard Barbot: un artiste haïtien à la passion inébranlable!



Richard Barbot est un artiste complet : musique mais aussi peinture, qu'il expose dans le monde entier. Si le tremblement de terre l'a ébranlé, il ne l'a pas fait tomber. C'est la passion qui le fait tenir debout.

Ce mercredi matin, notre première rencontre avec l'artiste Richard Barbot est à l'Institut Français d'Haïti. Nous l'écoutons, mais il ne nous parle pas. Pourtant, il nous dit tout de lui, ou presque. En le regardant jouer à la basse durant la répétition du groupe du Jazzman haïtien Thurgot Theodat, on saisit tout de suite que Richard Barbot est un homme passionné.

Petit extrait de la répétition en vidéo :


Passionné de musique mais surtout de peinture. L'homme aux cheveux poivre et sel nattés se définit  avant tout comme un peintre. Cet amour des formes et des couleurs est né dès son enfance. Son premier maitre est sa sœur ainée. "Elle peignait si bien. Je voulais toujours la surpasser", explique-t-il.

Cette passion l'a amené à exposer ses toiles dans certaines des plus grandes villes du monde, New-York, Montréal, Paris. Au quotidien, il l'assouvit  dans son atelier au premier étage de sa maison au haut de Turgeau. Un des derniers beaux quartiers encore verts de la capitale haïtienne. Peindre est avant tout pour lui une discipline. Un engagement indéfectible, un besoin de dépassement. Fidèlement, il s'enferme des heures durant, à la recherche de couleurs surprenantes, d'un regard qui saisit.

Pour situer l'atelier de l'artiste:


View Atelier Richard Barbot in a larger map

Le réalisme de ces peintures plait. Il est naturel, simple. On croirait même reconnaître ces personnages, comme "Les jumelles", sur son nouveau tableau. Ces fillettes, lui,  il les connait bien. Ce sont ces voisines d'infortune. Après le séisme du 12 janvier, ils ont partagé le même dortoir, un dortoir à ciel ouvert, un terrain herbeux  sur lequel ils dormaient chacun sous leur tente improvisée.

Pendant des jours, les mains de Richard Barbot n'ont pas touché un pinceau ni une corde. Elles étaient trop occupées à aider à sauver des vies, à déplacer d'immenses blocs de béton ou à consoler un proche. Son fils unique,entre autres, dont la mère est morte ce 12 janvier. "J'ai oublié peinture et musique. J'étais en mode survie", se souvient-il.

L'artiste n'a pourtant pas tardé à renouer avec ses habitudes. Ce besoin de peindre, d'exprimer ce vécu a été plus fort que le désarroi qui a suivi la colère de la terre. Dès mars, le peintre retourne à son atelier. Il commence de nouvelles toiles. Sont-elles marquées par ce traumatisme vécu par le peintre et par tout un peuple?  A en croire Richard Barbot pas trop. De cet évènement, il garde surtout le besoin du détail, d'exprimer le mieux que possible le moindre signe de vie, d'émotion de ses personnages.




Mais, ceux qui connaissent très bien sa peinture noteront une différence. Les personnages sont souvent empreints d'une certaine mélancolie.

C'est ce que constate la femme de Barbot, en interview:



Si le regard des enfants, des femmes et des hommes peints par Richard Barbot  est désormais voilé de tristesse, le peintre reste toujours aussi enthousiaste. Il faudra plus qu'un grondement de la terre pour lui enlever sa flamme d'artiste.






Martine Denis Chandler

Anderson Laforet



Cyclones, les habitants de Turgeau se preparent

Dix sept cyclones et neuf ouragans sont prévus sur l'Atlantique durant la saison cyclonique 2011. En prévision à cette période qui doit démarrer le 1er juin, les autorités Haïtiennes commencent à adopter des mesures de protection des habitants des zones à risque. Dans la 6e section communale de Turgeau à Port-au-Prince, des actions sont déjà entreprises .



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Les élus locaux et les habitants qui vivent près des ravines "Nan Canneau et nan Baryè" de la 6e section communale de Turgeau sont à pied d’œuvre. Ils préparent l'arrivée de la prochaine saison cyclonique  afin de réduire tous risques d'inondations. En effet, des travaux de conservation des eaux et de sol ont été entamés au niveau de ces ravines qui traversent la 6e section communale de Turgeau.

Mis à part ces travaux, l'administration communale mise beaucoup sur la sensibilisation. En ce sens, un réseau composé notamment de résidents de la zone est déjà fonctionnel. Sur cette vidéo, le président du Conseil d'administration de la 6e section communale de Turgeau, Raoul Pierre-Louis, parle des mesures déjà adoptées.



Toutefois, les riverains ne sont pas tout à fait satisfaits des travaux déjà réalisés dans ce quartier à l'approche de la saison cyclonique. Ils sont sur le qui-vive, comme en témoigne Rodrigue Danger, président du comité des quartiers avoisinants des ravines "Nan Canneau et nan Baryè".



Suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010, de nombreuses maisons ont été construites dans les flancs des montagnes, ce qui pourrait accentuer les risques de débordement des ravines " nan Canneau et nan Baryè". En avril 2008 , les eaux en furie de ces ravines avaient emporté trois habitants de la zone. Depuis, les autorités et des organisations locales aidées par des partenaires étrangers ont réalisé plusieurs projets de traitement des ravines, entre autres la ravine " Nan Baryè" comme on peut le voir sur cette photo.




                                                                        










                                                                                                            Naomie Calice/ Patrick Réma

Richard Narcisse, le photographe au sixième sens

Les recoins d’Haïti rayonnent dans l'objectif de sa camera. Les traits des visages reluisent sur sa lentille. Humble, Richard Narcisse est un  paysagiste et portraitiste particulier.... il est mal voyant.

Ce magicien de la lumière ne parvient pas à percevoir l'expression d'une personne à plus de deux mètres. Ses yeux sont malades. Pourtant ses images rivalisent avec celles des meilleurs dans le métier. "Il est un excellent photographe" explique Lesly  Alphonse, son pair et ami d'enfance. « Il a un bon coup d’œil », rajoute celui qui l’appelait  " Lunettes" pour le taquiner quand ils étaient gamins. Réagissant sur son problème de vision, Lesly tranche poétiquement : "pour être un bon  photographe, il ne suffit pas d'avoir de bons yeux. C'est avant tout sentir ce qu'on voit et voir ce qu'on sent".

"Je n'ai jamais considéré mon problème de vision comme un handicap"

Pas facile de comprendre son astuce, ou ce qu'il s'amuse à appeler son "sixième sens". Ce qu'il développe est un peu mystique. "J’établis une sorte de communion avec mes sujets", explique-t-il en signant des mains essayant de palper l'imaginaire. "Sinon je fais plusieurs prises si  c’est possible " Pour être tout à fait sûr, je fais voir mon travail à quelqu'un qui détient "une meilleure acuité visuelle que moi" poursuit-il.

Sur cette vidéo, Richard Narcisse explique comment se déroule son travail



Richard a du se faire opérer à maintes reprises à l’œil gauche. Atteint d'une cataracte aiguë, il a eu sa première intervention chirurgicale à 13 ans. " Je ne suis pas fini, me suis-je dis". " Je conduis, je travaille, je n'ai jamais considéré mon problème de vision comme un handicap" lance t-il altier, souriant du coin des lèvres.

Si beaucoup de photographes n’ont  pas encore trouvé leur « Photo fétiche », celle pour Richard ressemble à une tombe bleue et une poule couchée dessus. « J’aime les cimetières » a-t-il avoué. Son sujet de prédilection est l’eau. Le photographe au sixième sens  travaille pour l’heure sur la sortie de son livre prévue pour décembre prochain.

Nathalie Yvrance Cardichon
Fritz Gerald Jeannot

Le club Tèt kale de Pétion-Ville prépare l'investiture de Michel Martelly

Michel Martelly prêtera serment comme nouveau chef d’Etat haïtien ce samedi 14 mai. A trois jours de son investiture, ses partisans à Pétion-Ville, son bastion, se préparent à fêter ce grand jour. Pour cela, ils ont fondé le Club « Tèt kale » de Pétion-Ville (CTKPV).

Mercredi, 11 h. A l’avenue Panaméricaine, les préparatifs vont bon train au Club Tèt kale de Pétion-Ville. Les partisans de Michel Martelly s’apprêtent à marquer son arrivée au pouvoir.

Sur le mur de la façade Est de « Le Français Bar » - juste à côté du Club - s’affiche un portrait du 56e chef d’Etat haïtien , dialoguant avec celui de la star internationale du hip hop, Wiclef Jean. Ce dernier a officiellement soutenu Michel Martelly durant toute la campagne du second tour de la présidentielle .

Sur la façade Nord d’un bâtiment limitrophe, domine un autre portrait de Michel Martelly, peint par un jeune artiste. Ce portrait se trouve au milieu de ceux des chefs d’Etats américain et français, Barak Obama et Nicolas Sarkozy. Au-dessus de ces œuvres, sont inscrits en grandes lettres : « Paix, Amour et Progrès ». Les devises rêvées par les fans pour l’Haïti sous le nouveau gouvernement de Martelly. A deux mètres de là, un artiste est entrain de peindre l’empereur Jean-Jacques Dessalines

Le Club Tèt kale de Pétion-Ville est un regroupement d’amis de Michel Martelly. Il se prépare à organiser la veille de son investiture une grande fête, une sorte de veillée patriotique à laquelle sont conviés même les opposants du nouveau président.


Grégory Eliaccin, membre fondateur du CTKPV nous plante le décor de la fête.



Pourquoi  un portrait de Michel Martelly au milieu de ceux d'Obama et de Sarkozy ?  
La réponse de Grégory Eliaccin.




La réalisation des portraits au Club Tèt de Pétion-Ville attire l'attention tant des usagers de la route que des chauffeurs. Ces curieux s’arrêtent soit pour observer l’artiste à l’œuvre, soit pour prendre quelques photos.

C’est le cas de ce motocycliste, fan de Martelly. Pour lui, le Club Tèt kale de Pétion-Ville est « une belle initiative qui va sans doute rehausser l’éclat de la cérémonie d’investiture ».



Le Club Tèt kale de Pétion-Ville a été fondé au lendemain de la proclamation des résultats définitifs du premier tour de la présidentielle de novembre 2010. Le Club reçoit des dons de ses fondateurs et de quelques entrepreneurs de la place. Ses membres souhaitent l’étendre à tous les départements du pays.


Des activités de nettoyage, de décoration s’effectuent dans plusieurs quartiers de Pétion-Ville, en prélude à la cérémonie d’investiture de Michel Martelly. Aux abords des routes de Pétion-Ville et de Bourdon (Port-au-Prince), les arbres, les pierres et les trottoirs sont peints en rose et blanc, les couleurs de l’élu. Des panneaux publicitaires à son effigie s’affichent aussi dans ces rues.

Avant lui, le président sortant René Préval et l'ancien chef d'Etat Jean-Bertrand Aristide ont eu, eux aussi, l'honneur, à l’approche de leur prestation de serment, de la fête, de l’assainissement et du décor des rues et des quartiers presqu'à travers tout le pays.


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Enock Arismat et Chenald Augustin

La mangue atténue la faim en Haïti


Entre mars et aout  les mangues explosent en Haïti. La production est si importante qu'elle contribue au recul de la faim. Dans les marches populaires, la mangue se vend de 5 à 50 gourdesle lot de quatre(40 gourdes= 1Dollar américain), selon la variété et la grosseur.


Nous sommes à Gressier « Maché mango Mariani », entrée sud-ouest de Port-au-Prince. Ces mangues viennent de la Plaine du Cul-de-Sac, de Léogane, de Gros-Morne et de Mirebalais.

Entre mars et août, les Haitiens en consomment tous les jours et à toutes les heures. On en ramasse même sous les arbres . Ainsi, elle  diminue la faim au sein des familles les plus pauvres. Les enfants de rues y trouvent aussi leur compte.

En effet, les vendeuses les donnent parfois gratuitement aux affamés, comme l'explique cette marchande en vidéo:




La mangue haïtienne, particulièrement la « Madan Fransik », rapporterait selon  le site agropresse  10 millions de dollars l’an à l’économie haïtienne depuis ces dix dernières années.  Malgré cette exportation, environ 20% de la production, la consommation locale n’a jamais été aussi forte. C’est le fruit roi d’Haïti.

En video, cette mère de famille explique les vertus nutritionnelles de la mangue




Dans la perspective de l'optimisation de l'exploitation  de la filière mangue, les associations de  producteurs envisagent sérieusement de reduire les pertes dans le circuit de commercialisation. En meme temps, la production haïtienne pourrait passer  à une politique de conservation a travers les  mangues séchées, la purée, la confiture, jus en cannette…

On peut se demander si les plus pauvres en trouveront  alors autant, soit en cadeau, soit à prix
abordable.
Ici, le marché de mangues de Mariani, Gressier.


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Jean Rony Beaucicault et Patrice Dumont

Vente de viande: une menace sur la santé publique

Au marché de La Coupe à Pétion Ville, la vente de la viande de bœuf, de cabri, de morceaux de poulets importés et de poissons se réalise dans des conditions d'hygiène douteuses. Sur les lieux, il n'existe aucun abattoir, aucun espace d'entreposage ni de conservation.

Dépôt conventionnel d'entreposage de la viande de bœuf
Pour choisir des produits, acheteurs et consommateurs doivent s'en remettre à leur intuition. Le contrôle de qualité de ces produits  fait complètement défaut.

Boucher depuis vingt ans, Yvon dispose de son étalage au marché de La Coupe. Il souligne avoir toujours pris les dispositions nécessaires pour bien conserver ses produits.

Yvon dénonce énergiquement l'absence de services sanitaires dans la pratique de sa profession.



Ces conditions de vente  posent de sérieux problèmes de santé publique. Les risques de maladies liés à la consommation de ces produits sont réels, confirme le docteur Jean-Patrick Alfred. Les cas d'intoxication alimentaire sont les plus fréquents. Ce spécialiste en santé publique décrit la situation et donne des mises en garde à la population.



La situation ne diffère pas dans les autres marchés de Pétion Ville et de la région métropolitaine. Les spécialistes en santé publique appellent l’État à adopter des mesures sanitaires pour mieux protéger la population.




Pour situer le marché de La Coupe à Pétion Ville.



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Eddy Jackson Alexis
Johnny César Etienne

Un bâtiment spécial pour le serment de Michel Martelly

La prestation de serment au Parlement, c’est la première étape des activités d’intronisation du nouveau président d’Haïti, Michel Joseph Martelly, ce samedi 14 mai. Pour accueillir tous les invités, un bâtiment supplémentaire est construit au bicentenaire, place des nations unies à Port-au-Prince. 72 heures avant l’investiture, l’ouvrage n’est pas encore prêt.


Ancien batiment du Parlement /photo archives CRIJ
À la place des Nations-Unies, la construction du bâtiment est très avancée. Huit jours après le lancement des travaux, c’est un véritable chantier. Les ouvriers s’activent. Ils sont là jour et nuit. L’ouvrage doit être prêt et livré un jour avant la prestation de serment, soit le vendredi 13 mai, selon l’architecte Daniel Brutus de la firme en charge de la construction.

Cette vidéo réalisée le mercredi 11 mai présente l’état d’avancement des travaux de construction du bâtiment sur la place des Nations-Unies.



Près de 600 personnes sont attendues à cette cérémonie, rapportent certains médias de la Capitale haïtienne, dont Radio Signal FM. Le comité d’organisation fait construire ce bâtiment en vue de pallier l’incapacité des pré-fabriqués, logeant la 49e législature, d’accueillir les invités à cet événement.
Aucun chiffre sur le montant des travaux n'a filtré lors de la conversation mais une soixantaine d'ouvriers travaillent pour terminer ce bâtiment.

Le point sur cette carte localise le Parlement haïtien:


View Parlement Port-au-Prince in a larger map


Edit : Vendredi 13 mai à 9h, le bâtiment n'était toujours pas terminé.

Jacky Marc et Jacques Desrosiers

jeudi 12 mai 2011

Haïti : Alain Juppé à l’investiture de Michel Martelly

Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, sera en Haïti le 14 mai 2011 pour participer à l’intronisation du nouveau président haïtien, Michel Joseph Martelly, avons-nous appris. Son arrivée à Port-au-Prince est attendue ce vendredi 13 mai. Il s’agit de la première visite d’Alain Juppé en Haïti.
20070612.FIG000000097_1420_1En 2006, Dominique de Villepin qui était ministre français des Affaires étrangères à l’époque, avait participé à l’intronisation de René Préval.
Actuel maire de Bordeaux, plusieurs fois ministre et ancien premier ministre de Jacques Chirac de 1995 à 1997, Alain Juppé a succédé en février à Michèle Alliot-Marie.
Le ministre français et européen des Affaires étrangères est l’une des personnalités qui seront présentes à la cérémonie d’investiture du président élu Michel Martelly samedi prochain.
Une dizaine de chefs d’Etat étrangers devraient assister à l’investiture de M. Martelly qui deviendra à partir du 14 mai le 56e président d’Haïti. Mais seule la présence du président dominicain Leonel Fernandez Reyna a pour l’instant été confirmée.
L’équipe de Michel Martelly a aussi invité les anciens présidents haïtiens, tels Leslie François Manigat, Prosper Avril, Jean-Bertrand Aristide, Jean-Claude Duvalier, entre autres.
Trois sites sont retenus pour la cérémonie d’investiture du nouveau chef d’Etat haïtien. Il s’agit de la Place des Nations Unies au Bicentenaire, le Palais national et l’hôtel Karibe Convention Center.
Entre-temps, Michel Martelly continue son périple à travers le pays. Après le Nord-Est, il a mis le cap ce mercredi sur l’île de la Gonâve.
Accompagné de son conseiller Gregory Mayard-Paul, le président élu  visitera des hôpitaux et des centres de santé ainsi que certaines plages.

lundi 9 mai 2011

Dans les kindegarden, les enfants apprennent en s’amusant

Ils sont une douzaine d’enfants dans la classe de troisième année prescolaire à l’école maternelle jardin Bethesai située à Bois Moquette à Pétion-ville. Agés de 6 ans, ces petits apprennent déjà à lire et à écrire. L’apprentissage se fait à partir de la méthode pédagogique  traditionnelle répétitive.

C’est une petite salle de 6 mètres carrés bien décorée qui accueille ces enfants. Des affiches coloriées, des fleurs en papier sont placardés sur les murs et au plafond de la salle. Sur des petites chaises peintes de toutes les couleurs, les enfants s’asseyent autour d’une grande table. Les petites filles portent une robe bleu, des rubans de la même couleur noués dans les cheveux. Les petits garçons, quand à eux, sont bien mis dans leur chemise et pantalon bleu.

Leur engouement d’apprendre est palpable. Quand il faut répéter après la maitresse, ils s’y mettent à cœur joie. A 6 ans déjà, ils manifestent un goût particulier pour le dessin, la lecture et la poésie, comme en témoigne cet extrait sonore.


Par ailleurs, l’initiation à la lecture se fait individuellement ou par groupe de deux. Dans leur livre de lecture « je lis avec plaisir », la maitresse leur apprend à lire.




Au kindergaden Gai jardin situé à la rue Rigaud à Pétion-Ville, on utilise  la même méthode  d’apprentissage.Toutefois, l'accent est particulièrement mis sur les "sons" comme nous l'explique l'institutrice Mercédes Jean Baptiste .
Naomie Calice / Patrick Réma

Consultations pédiatriques au calme



Ce cri, tous les jours, du lundi au samedi, au 113 rue Louverture, Pétion-Ville, le cabinet de consultation pédiatrique du docteur Guy Pierre-Louis en enregistre. Le mardi par exemple, jour de vaccin, bébés et enfants jusqu’à 12-13 ans hurlent à vous arracher le cœur. Ce lundi est cool. Les mères ont l’opportunité de veiller aux bonnes manières.

Une mère explique comment calmer son enfant
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Elles sont 11, entre midi et 1 h. 00, à attendre leur tour dans un rectangle de 24 mètres carrés peint en lavande, vert pomme et jaune citron. Seulement deux urgences, dont Aïsha, 7 jours seulement, fesses irritées, langue sanguinolente quand maman Mirna  la lave. Capable a elle seule de troubler le calme des lieux.

 Aïsha détonne avec les gazouillements de certains autres partenaires, les échanges à voix mesurée entre Guerline, la secrétaire, et des mères attentionnées. Le temps de l’attente est mis à profit pour une pratique de jeu de mains, un chant, une révision des parties du corps, ou  une phrase en français à reprendre.
Tout se dit et se fait sur le ton du chuchotement.

Ces enfants et ces mères sont généralement sages, se réjouit docteur Pierre-Louis, pratiquant depuis 1981. Harold, trois ans, s’en va un peu contrarié parce qu’il doit abandonner Chercane, le tigre en  contreplaqué, accroché au pan de  mur vert pomme. Et si on a veritablement l'intention d'enregistrer du bruit, rendez-vous tous les mardis, jour de vaccin entre 9 heures et 3heures de l'apres-midi, taquine Guerline. avec douceur.

Pour localiser la clinique:


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Par Jean Rony Beaucicault et Patrice Dumont

Un Garage nommé « tèt cerceuil »

Tèt Cercueil Auto Body Garage, drôle de nom pour un garage ! Pourtant, cela n’effraie pas la quinzaine d’automobilistes qui y confient leurs voitures ce lundi après midi.

Entassés sur le coté droit, dans une ruelle limitrophe à la rue Metellus, Pétion-Ville, sous un soleil de plomb et dans la poussière, sans temps mort, des garagistes tapent, grattent, étendent la peinture sur les voitures.  D’autres, la sueur au front, sans casque ni gants font de la sourdure. Ils essaient à l’aide de torches de réparer les parties rouillées des véhicules. 



A l’instar des autres garages jouissant d’un cadre attrayant, Boss Osner le gérant de Tèt Cerceuil auto Body rêve d’un espace sympa. Il souhaiterait aussi mettre un terme à son exode. Sortir de l’informel et avoir une enseigne serait l’idéal.






A coté, sous un drap usé par la poussière, deux femmes servent à manger à ces rudes travailleurs. Dans cette ruelle complètement défoncée, ils entassent les voitures en réparation. Ils sont d’ordinaire 14 garagistes à travailler. A Tèt Cerceuil on ne lésine pas. On bosse du lundi au samedi de 7 heures AM à 6 heures PM







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Nathalie Cardichon 

Fritz Gérald Jeannot

Bruits et dangers d'une station de camionnettes au coeur d'un marché

Il est 12 h 20, ce lundi. Nous sommes au marché Chada  de Pétion-Ville. La station de camionnettes s’installe à l’angle des rues Grégoire et Rigaud. Elles desservent les communes de Pétion-Ville et de Delmas, jusqu’au carrefour de l’aéroport. 

Dans cette intersection, certains marchands étalent leurs produits à même le sol, d’autres dans de larges paniers en osier tressé ou sur des tréteaux en bois à l’ombre des parasols.

Au milieu des marchands, s’alignent une dizaine de camionnettes. A cette heure de pointe et sous un soleil de plomb, montent, en un vacarme, la stridence des klaxons, les voix des marchands, des crieurs et d’un publiciste d’une maison de transfert vendant des téléphones portables.

Il n’y a pas d’affluence à cette heure. Les crieurs se battent pour attirer des passagers. « Delmas/Carrefour aéroport », crient-ils à l’endroit des passagers. Ces derniers montent tranquillement à bord des camionnettes sans se bousculer. Là, ils bavardent très peu entre eux.
Tendez l’oreille

Les prix du trajet est fixé à dix gourdes. Les crieurs font les recettes avant le départ. Car le chauffeur n’avance pas d’un mètre tant que les douze passagers ne soient  tous à bord.

Une fois remplie, la camionnette démarre dans un concert de klaxons pour se frayer le passage au milieu de la voie occupée par marchands et acheteurs.    
Ecoutons cette ambiance de klaxon au milieu de laquelle partent certaines camionnettes déjà remplies 


Des marchands se plaignent du fonctionnement de la station de camionnettes dans le périmètre du marché. Ce qui représente, selon eux, un danger pour leur vie et leurs marchandises. Ce marchand de boissons refrigérées nous fait part, dans cette vidéo, de son inquiétude.  


Si la station de camionnettes représente un vrai danger pour les marchands, elle leur permet toutefois d'écouler leurs marchandises avec plus de facilité. Un vrai dilemme! 

Enock Arismat et Chenald Augustin

L'amendement de la constitution haïtienne dans l'impasse

Les députés et sénateurs entament ce lundi la dernière journée de la première session de la 49ème législature. Cette journée a démarré avec plus de quatre heures de retard.



A l'ordre du jour , la poursuite du vote de la déclaration d'amendement de la Constitution de 1987. Jusqu'au moment de la publication de ce texte, la séance ne pouvait se tenir faute de quorum.



A la salle des séances, les députés et sénateurs présents discutent sur la dizaine d'articles voté la veille.



Les députés et sénateurs doivent décider des modifications à apporter principalement sur la question de la double nationalité, le conseil constitutionnel et la durée du mandat des élus. A leur avis, l'amendement de la Constitution répond à une exigence démocratique. La loi mère doit s'adapter aux changements survenus dans les mentalités et les nouvelles relations socio-économiques, un quart de siècle depuis son adoption.

Pour situer le Parlement haïtien.


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Eddy Jackson Alexis
Johnny César Etienne