mercredi 8 juin 2011

Écrire comme un romancier ou un poète

 Ils étaient 27 élèves, filles et garçons de 16 à 18 ans, le vendredi 20 mai dernier, à l’Institut Abellard de la ville de Léogane, rivés au savoir et savoir-faire littéraires de l’écrivain Lyonel Trouillot. Objet : un atelier d’écriture portant sur le roman et la poésie.

Lire est le point de départ de l’écriture. Initier aux méthodes modernes d’écriture romanesque et poétique, c’est donc faire connaissance avec de bons textes. Ayant lu, comment et avec quoi écrire ? Par et avec « l’imaginaire, le réel et le vécu », répond Lyonel Trouillot//www.rue89.com/cabinet-de-lecture/apres-le-chaos-haitien-lecrivain-lyonel-trouillot-parle-damour à sa propre question.

Et les élèves de réagir sur des concepts un peu brumeux. Ils s’éclairciront à force d’exemples et explications tenaces. Maîtriser la langue dans laquelle on écrit, le français ou le créole par exemple, avant d’écrire sa langue. Autrement dit, son style propre.



Lyonel Trouillot



L’image avant toute chose

Le langage poétique, c’est l’image. L’auteur de « l’amour avant que j’oublie » revoit les principales figures de rhétorique. L’oxymore est l’une des rares inconnues des élèves. Trouillot fait appel à Gérard  de Nerval pour parler de romantisme et d’oxymore : « Et mon luth constellé porte le soleil noir de la mélancolie ». « Ah ! s’écrie une jeune fille, c’est quand on réunit deux mots de sens opposés».

Sous un manguier, effet du séisme du 12 janvier 2010, avant que sonne midi, le temps de la pause-déjeuner jusqu’à 1,30 heure, les élèves s’exercent sur des textes. L’image est l’élément essentiel de la poésie, et Trouillot aide ses stagiaires à apprécier ce poème très imagé de trois vers de Georges Castera
 Plas Sentàn, / Nan tete ti Mari / Mizè ap koule kafe. (1)
Passeront aussi des textes de Depestre, Davertige, Breton, Aragon.   

Pari réussi

Entre 1,30 heure et 4,00 heures, un élève est désigné pour la restitution de la première partie. Suivent  des questionnements et des réponses, du scepticisme, de l’étonnement et des découvertes. Pour des élèves haïtiens réputés faibles en expression, orale ou écrite, créole ou française, on pouvait s’attendre à une révision de notions de syntaxe et d’orthographe. Au lieu de cela, l’animateur a réussi à stimuler la création littéraire en comptant sur le potentiel intellectuel des élèves. Si l’on en croit les aveux des uns et des autres, et leur souhait de recommencer, des vocations vont peut-être germer.     

 En plus de son métier d’écrivain, Trouillot a créé le Vendredi littéraire depuis 1995. Il a ouvert au cours du mois de mars dernier, à Delmas 75, le Centre culturel Fondation Anne-Marie Morisset. L’atelier d’écriture concerne donc son travail de promotion de la littérature qu’il mène de front avec son métier d’écrivain et d’enseignant de littérature au secondaire et à l’Université. L’initiative est venue de Trouillot lui-même,  qui a trouvé en Gabrielle Présumé Abellard, une partenaire déterminée et efficace dans la réalisation de la journée. Les participants viennent des écoles suivantes : Sainte Croix, Le Phénix, Surin Eveillard, Maisonneuve, Lumière, Lycée Anacaona, Classique, Abellard.

Patrice Dumont
patricedumont2@hotmail.com
(1) Place Sainte Anne,
Dans les seins de Mariette,
La misere coule son cafe.

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