Ben Laden, longtemps considéré comme le fer de lance de la lutte contre l’impérialisme américain, n'a jamais pu influencer les luttes sociales dans le monde arabe. La révolution tunisienne, en février dernier, début du printemps arabe a, à l'inverse, réussi de manière pacifique là où le chef d'Al Quaida a échoué.
« Ben Laden mort: que vive le printemps arabe », titre Jacques-Simon Eggly sur son blog. Admettant que le leader d’Al Qaida restera un symbole de lutte contre les valeurs américaines et israéliennes, le bloggeur estime que la situation est plus nette ainsi et que dans les pays arabes, nombre de Musulmans, horrifiés par le terrorisme qui les frappe aussi, sont soulagés.
De son côté, le correspondant pour le Moyen-Orient du quotidien anglais The Independent, a minimisé l’annonce de la mort de Ben Laden, qui à ses yeux, est moins importante que les révoltes populaires dans le monde arabe. S'exprimant sur le site alencontre.org, ce vétéran du journalisme, Robert Fisk, qui a interviewé à trois reprises Oussama Ben Laden, révèle que ce dernier a toujours voulu en finir avec Moubarak, Ben Ali, Kadhafi et tous les autres. Il les accusait d’être des infidèles à la solde des Etats-Unis. Et le fait qu’il y a eu des millions de personnes tout à fait ordinaires qui se sont débarrassées de certains de ces régimes de manière pacifique constitue, argumente le journaliste, un aveu d’échec pour l’ennemi public #1 des Etats-Unis.
Les attentats commandités par le chef de file d'Al Qaïda, se sont vus comme une revanche brutale sur les humiliations infligées par les Etats-Unis, par Israël et par leurs propres dirigeants soutenus par Washington. Mais son attrait, résume Nadim Houry, n'a pas résisté à des actes d'une violence insensée dont il fut les instigateurs. Une opinion renforcée par Pascal Boniface sur son blog qui voit dans la mort de Ben Laden une bonne nouvelle, même s’il ne faut pas espérer qu’elle mette fin au terrorisme. Le journaliste prédit déjà le déclin d’Al Qaïda.
Dans un article de Reuters paru sur le site de RMC.fr ,Nadim Houry représentant de l'organisation Human Rights Watch à Beyrouth affirme pour sa part que Ben Laden était déjà un mauvais souvenir. «La région est passée à tout autre chose avec les soulèvements de grande ampleur qui bouleversent la donne », commente t-il.
Le site magress.com reprenant un article de Libération titre que : "Le printemps arabe a sonné le glas de Ben Laden". Si Oussama Ben Laden avait réussi dans les années 90 à surfer sur les frustrations arabes que suscitait la politique américaine dans la région, les foules arabes, au gré de la dernière décennie, ont, en effet, tourné le dos à celui qui incarnait le radicalisme jusqu'au-boutiste et le terrorisme.
Entre temps, le monde arabe évoluait. Les révoltes de février et leurs ondes de choc pour revendiquer leurs droits à plus de liberté et de démocratie ont bouleversé toute la région jusqu’à aujourd’hui. Pour le chercheur le Barthélémy Courmont, le printemps arabe est plus lourd de conséquences sur la politique américaine au Moyen-Orient que la mort de Ben Laden. « Ce personnage, commente le chercheur sur tempsreel.nouvelobs.com, était en effet rejeté par une grande partie de la population de ces pays, et accusé d'incarner le terrorisme transnational et de donner une image négative de l'Islam ».
Mais au-delà des moyens sécuritaires, on sait aussi que le terrorisme se combat par des moyens politiques. Et Pascal Boniface conclut ainsi son article: "Qu’il ne se faut pas lutter seulement contre ses effets, mais aussi contre ses causes". La démocratisation en cours dans le monde arabe est un processus irréversible. Pas de doute, qu’une nouvelle phase de l'Histoire du monde vient de commencer.
Eddy Jackson Alexis (EJA)
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